L'escale de MARION LEJEUNE aux Ed Le bruit du monde
Avis paru dans BABELIO
Il y a ici un univers que l'on découvre, curieux, dans lequel on se plonge, intrigué par l'émergence de ces îles noyées dans la brume, étonné qu'il put y avoir une vie sociale dans un lieu aussi inhospitalier. C'est un port, emblème des errances multiples, du départ et de l'arrivée de marins ou autres aventuriers, sans attaches.
L'autrice nous rend notre séjour presqu' agréable, sous le regard de Grigori, gabier de son état, celui qui grimpe en haut du mât, dont le centre de gravité personnel est fonction de la gîte du bateau. Sur terre, il tangue, puis se stabilise. Les repères se construisent au fil du temps qui s'écoule, dans l'attente d'un chargement, qui ne vient pas, on ne sait pourquoi. Il faut construire des repères, Alda peut-elle l'aider ? Y aurait-il autre chose à espérer, un geste ou un silence peuvent s'interpréter, elle est farouche, jalouse de son identité insulaire, regardant vers l'horizon.
Lui, n'a rien à perdre, il ne possède rien, que ce semblant de liberté que les terriens ne peuvent comprendre, prisonniers qu'ils sont d'une terre isolée, dépendante du bien vouloir des capitaines, seuls maîtres à bord.
L'Archipel existe-t-il vraiment dans cet Atlantique Nord, aux moeurs rappelant furieusement les îles Féroé, mais non, trop au Sud. Pas les Spitzberg, trop au Nord. On se perd en conjectures mais l'important n'est pas la terre où l'on habite, mais celle que l'on quitte.
L'autrice nous embarque dans un monde boréal, inaccessible, qui ne s'explique pas et ne cherche à être compris.
L'on sort de ce roman un peu désorienté, le nomade triomphe sur le sédentaire.
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