Post-mortem / Il est 8h31 le 17 septembre 2024
Les révélations des turpitudes de l'Abbé Pierre, mort en 2007, mettent mal à l'aise. De par leur nature, elles sont aujourd'hui considérées comme condamnables. Je dis aujourd'hui car au moment des faits, l'étaient-elles ou étaient-elles considérées comme "un mal pour un bien", au vu du statut iconique du bonhomme ?
Et puis, cet homme est mort depuis 17 ans, 17 années de silence post-mortem. Je sais le temps de la sidération comme un temps très long, de souffrances et d'impossible reconstruction. Je me pose la question du bilan d'un homme, de chaque homme ou femme au soir de sa vie, de celles et ceux qui condamnent, qui font la leçon, des colonnes "bien" ou "mal", de ce que chacun fait, ou a fait, commis, de la trace qu'il laissera une fois parti(e).
Les adjectifs fleurissent quand un individu profite de son statut moral ou d'autorité pour faire subir des outrages, dont on peut mesurer la gravité à l'aune des témoignages, à charge, le principal accusé n'étant plus là pour donner sa version. Ce qui me gêne se situe dans l'absence de quelqu'un que l'on encensât de son vivant.
Les multiples témoignages laissent penser également que l'abbé avait un problème avec les femmes. Le célibat des prêtres a causé nombre de drames, de dérives pédophiles, il serait judicieux que l’Église, dans sa grande hypocrisie, statue sur ce principe, sans remettre en question la sincérité de l'engagement spirituel. Les pasteurs protestants ne sont ni plus, ni moins aptes à professer l'amour de Dieu, que je sache.
Les dérives comportementales occasionnent des dégâts irréversibles chez les victimes, le Vatican a avoué que l'Eglise était au courant, ce qui est en soi une ignominie, tout discours post-mortem devient caduc et sied à une structure qui pratique l'absolution comme d'autres la lapidation.
Triste histoire que celle-là, aussi grave que d'autres, sauf à penser qu'un symbole de l'aide à son prochain avait son côté obscur et que celles et ceux qui savaient n'ont rien dit pour l'aider, lui, en temps et en heure, afin d'éviter d'autres victimes.
La bande-son me parle aujourd'hui, rien de triste et j'apprécie Reggiani.
Et les images datent de 2013.
Bonne journée