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Emma Picard de MATHIEU BELEZI aux Ed du Tripode

Publié le

Avis paru dans BABELIO

Mathieu Belezi à la plume sans pitié. La souffrance est omniprésente, comme l'excès, dans ses ouvrages. Emma Picard ne déroge pas à la règle. Nous repartons vers l'Algérie du 19ème siècle, colonie française en mal de colonisation. Nous sommes vers 1860, le Maghreb est "civilisé", pacifié par l'armée, au moins dans les promesses faites aux familles à qui l'on offre quelques hectares de terre dans l'arrière-pays. La réalité n'est pas si simple. La cohabitation entre Arabes et Français n'est pas facile, elle est sujette à de nombreux soubresauts, à des actes de terreur, des deux côtés, et au milieu, vous avez Emma Picard et ses fils. La nature s'y met, hostile, puis la maladie, puis...la liste est longue, trop longue. L'auteur nous inflige les sept plaies, non d'Egypte, mais d'Algérie, que le curé de la paroisse a bien du mal à garder dans le giron de Dieu, maître du ciel et de la terre, que les colons, fervents croyants, finissent par douter de sa protection.
L'écrivain descend le cours du temps, jusqu'à l'instant présent, référence où la vie semble encore la plus forte.
L'enfer sur terre n'est pas une litote, le diable gagne cette partie dans laquelle les humains ne sont que des pions que l'on met à terre, piétinés sur l'échiquier poussiéreux, broyés par l'instrument cynique d'une politique coloniale absurde et suicidaire.
Les tenants de la religion assoient leur autorité aux côté de l'autorité de tutelle, à savoir l'armée. Le sabre et le goupillon n'en peuvent mais la nature hostile voue une haine implacable pour celles et ceux qui osent la défier, sans légitimité aucune. La mort est ici chez elle, prend les formes qu'elle juge les plus adaptées à une souffrance maximum, car l'exemplarité est le seul langage que les hommes comprennent.
Qu'ils s'en aillent, ces usurpateurs ! qu'ils laissent la terre d'Algérie à leurs occupants séculaires !
Emma et ses quatre fils seront comme d'autres, des victimes expiatoires du vol qualifié nommé colonisation.
La plume est rude, la réalité dépeinte l'est tout autant.
A lire, mettez les freins, la descente aux enfers s'annonce périlleuse.

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