Le syndrome de l'Orangerie de GREGOIRE BOUILLIER aux Ed Flammarion
Avis paru sur BABELIO
L'idée n'est pas banale, elle est est le fruit d'une révélation, comme nous en avons tous devant un tableau dans un musée quelconque. Je dis tous, j'exagère en refermant ce livre, espérant que nous n'auront pas l'idée de nous répandre devant l'oeuvre majeure qui nous aura scotché. Je me demande quel tableau serait susceptible de provoquer chez moi une logorrhée du type que Grégoire Bouillier a écrit sur près de quatre cent pages. L'interpellation du lecteur permet une complicité de chaque instant, un tête à tête dont on se sent flatté au fil des pages, puis, à la longue, dont on se sent un peu prisonnier, n'osant pas interrompre ce soliloque qui devient pesant. C'est un peu comme un(e) ami(e) qui n'en finit pas de nous conter ses malheurs et que l'on n'ose pas interrompe, par respect ou par compassion, ou les deux. Cela devient gênant.
Le divan du psy n'est pas loin, qui, lui, est payé pour écouter vos états d'âmes, vos bobos émotionnels. Je sors du musée du Prado, je souffre après avoir contemplé les oeuvres noires de Goya, extraordinaire plongée morbide d'une totale maîtrise, en fin de vie ou presque, opposition aux oeuvres de jeunesse, primesautières et assez banales, commandes royales oblige.
Bref, je ne m'étends pas, Bouillier si, lui, il s'étend, vous prend à part, à grands renforts de parenthèses; d'interférences relatant sa vie personnelles. Les passerelles entre les Nymphéas et les multiples possibles du pourquoi de la répétition de cette série ( 400 !) sont très pertinentes, questionnent sur l'équilibre du bonhomme, sur son côté monomaniaque.
C'est documenté (il nous le fait remarquer), il a travaillé dur le bougre.
Je n'ai pas mis les pieds à Giverny. J'ai très envie d'y aller, ce livre m'en a donner quelques clés et ce n'est pas la moindre des réussites que d'avoir susciter ce désir d'une escapade, que je n'aurais pas envisager autrement.
J'ai vu des Nymphéas à Orsay, aux Etats-Unis et je n'ai pas été touché par la grâce des nénuphars. Van Gogh me parle plus, la quintessence de l'expression artistique, la mise à nu, sans calcul et sans intellect, l'instinct peint sur la toile, à l'état brut mais ceci n'est pas le sujet
A chacun ses Nymphéas.
Bref, ce syndrome est un exercice de style, comme d'autres du même auteur, avec un brin d'humour que j'ai oublié de mentionner.
A lire et prendre un peu de distance avec les multiples digressions égotistes.
Plaisant au final, après réflexion rapide.