Les cadors / Il est 8h08 le 22 novembre 2024
L'absurdité de l'actualité se révèle chaque semaine dans le contenu d'un hebdo auquel je suis abonné. Un panorama du monde nous est donné à lire, avec analyses, focus et recul nécessaire. Le vertige me prend de voir la planète comme une cour de récréation géante, avec les mêmes préoccupations, de rapport de domination sur une portion de la cour de récré, me rappelant avec effarement que ma vie d'enfant, puis de collégien était rythmée par les mêmes réflexes de défense, d'attaque, de ne pas céder un pouce de territoire. Le petit d'homme apprend très tôt, à travers ses jeux, à marquer les limites au delà desquelles son voisin risque un coup de griffe. J'exagère à peine.
Dans la vie d'adulte, il semblerait que l'individu de pouvoir, femme ou homme, défend son pré carré, ne renie rien, ne peut ni ne veut perdre la face, comme une affirmation nécessaire à son accomplissement, un être non fini et qui le sait.
Un Poutine, un Trump, un Netanyahou donnent l'image de cadors roulant des mécaniques dans leur quartier, jouant avec les egos des sbires à leur solde, vantant l'un, dénigrant l'autre, pour mieux asseoir leur domination. Dans West Side Story, les gangs rivaux se toisent, s'invectivent, s'évitent, reculent, avancent, peu sûrs d'eux quant à leur vraie force, à l'épreuve du combat. Les conflits latents à l'échelle mondiale sont testés localement, comme autant de crash tests.
"Retenez-moi où je fais un malheur", le message du clown coréen avec ses soldats de plomb est pitoyable, clown d'un opéra-bouffe, marionnette aux mains d'un paranoïaque.
La CPI menace le premier ministre israélien, qui crie à l'antisémitisme, avec le choeur des occidentaux en fond sonore. A trop brandir l'étendard du martyr, celui-ci ne sera bientôt plus d'un tissu en lambeaux.
Qui peut ignorer les bombardements quotidiens, les massacres systématiques à Gaza, dont la presse ne fait même plus l'écho tant l'ampleur de ceux-ci dépassent l'entendement ? Seule une conscience aigüe de l'autre permet de vaincre l'indifférence du quidam, en battant le pavé, semaine après semaine, bravant le froid.
La banalisation de l'horreur éteint l'indignation du plus grand nombre, dont les soucis de chaque jour suffisent à éteindre toute empathie.
Je vis hier un film spectaculaire, Gladiator 2, aux scènes de bataille très impressionnantes, après lesquelles le général romain responsable du massacre ne put s'empêcher de convenir d'une lassitude face aux mères pleurant leurs fils, où qu'elles soient.
Avons-nous un quelconque général las de tant de sang versé ?
Le gradé de l'Empire était sur le champ de bataille, ce qui n'est pas le cas de ceux d'aujourd'hui, confinés dans leurs salles de commande, bunkers sécurisés.
La lâcheté est aussi une donnée récurrente dans l'art de la guerre, qui finit, dans les fictions, par se retourner contre celles et ceux qui se cachent.
Hitler dans son bunker...
La bande-son du jour est un rappel... Quant aux images, Belle-Ile en mer.