Pretty woman / Il est 11h48 le 27 janvier 2025
Le nez en l'air, torticolis assuré, Clarisse arpente Manhattan. Elle est déjà venue en des circonstances plus familiales. Une journée complète avant de rentrer dans le patio de la Trump tower, emblème du mauvais goût. Elle sera accompagnée par un compatriote installé de longue date, avec qui elle a rendez-vous devant la cathédrale. En le saluant, elle croit reconnaître un acteur célèbre en son temps, mais c'est une erreur, la mémoire établit des raccourcis, l'acteur a disparu des radars, mais décidément.. Il a décliné son identité, nom inconnu, mais le sourire en coin, la mèche rebelle, l'élégance discrète du quinquagénaire, il a en charge le filtrage des entrées dans l'appartement démésuré et clinquant, visites autorisées sur demande, enquête et prise en charge. Le régisseur (intitulé du poste) est le guide. La surface imposante, plus de 3000 mètres carrés, autorise deux visites simultanées mais ce jour-là ils sont seuls. La vue époustouflante sur la ville, triplex donnant sur Central Park donn ele tournis. La mission de Clarisse est une fois de plus appremment très simple. Elle a changé de livret numérique, les nanos contenus dans son poudrier sont autonomes, ayant en mémoire la topographie des lieux, mille fois photographiés, à chaque pièce est attribué une finalité intrusive. La famille Trump passe ici en famille, la tribu inénarrable étale ses égos à longueur de magazine, l'écrin du triplex correspond à l'idée qu'ils se font de la réussite et de l'envie à susciter chez les gens d'en bas. Les nanos programmés ont pour but de générer un contrefeu dans les différents supports médiatiques, télés, réseaux et magazines. Une image du salon surchargé sera saturé de micro-éléments subliminaux qui pénètreront dans les foyers ayant visualisé une telle débauche de luxe ostentatoire. La réaction en chaîne n'est pas encore totalement conceptualisée chez les voyageurs mais l'espoir d'un retour...fort négatif est envisagé, avec un coup de pouce supplémentaire.
La dernière promenade de Clarisse l'emmène en Floride, dans un temple pharaonique, aussi pu discret que son personnage. Y entrer est plus délicat, hors du protocole et des vistes officielles . L'alchimie du premier contact sur le perron de la maison Blanche a opéré, le régisseur de la cinquième avenue a établi un carton d'invitation pour une soirée festive à Mar El Lago, dans deux jours, du beau linge, peu de stars hollywoodiennes, mais quelques magnats du numérique, de l'industrie pétroilère et quelques cyniques en devenir.
Clarisse jouera de son charme européen, continuant de semer les graines invisibles d'une révolution silencieuse, dans l'attente d'une implosion pernicieuse.
Elle a reconnu le bellâtre new-yorkais, qui sera son chaperon.
La suite promet un rebondissement inattendu.
Bonne journée