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Trop simple / Il est 8h58 le 25 janvier 2025

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Trop simple / Il est 8h58 le 25 janvier 2025

Les dictateurs manquant d'imagination, c'est connu, ils comblent un désert créatif par l'obsession du secret, le frisson de la chose cachée provoque la poussée d'adrénaline, confusion fâcheuse avec le génie de la fulgurance artistique. Les sonnets et poèmes du troisième siècle avant J-C appartiennent à l'empereur rouge, Esther a devant elle un être dénué de toute empathie, propre de l'homme aux pleins pouvoirs, il est à sa merci, ils sont seuls dans un pudong reconstitué, teinte rouge carmin des anciens seigneurs et marchands, elle est une femme, sur ses gardes. Le Maître la salue, parle un anglais dont les syllabes détachées permettent une compréhension toute phonétique. L'instant est décisif. Il a entre les mains le livret, elle a extrait la brochure numérisée, la feuillette nonchalamment. Il lui demande ce que c'est, elle cherche son vocabulaire mandarin répond-elle afin de mieux saisir le moment privilégié qu'elle partage avec un des maîtres du monde. Elle ose l'emphase, lui se rengorge, elle enchaîne quelques mots, formules maladroites de politesse et de flagornerie tout en glissant une remarque sur l'unique et prodigieux texte détenu par des mains expertes. Il sourit diplomatiquement. Elle pose la question sur l'origine de cette passion pour les textes anciens de la part d'un homme plongé dans un présent omnipotent, tourné vers un avenir qu'elle souhaite prometteur.

Il fixe la dame occidentale, laisse quelques instants de silence, puis répond en mandarin, lentement, que le présent n'est qu'un instant hérité du passé, marche-pieds du futur. Le texte ici présent est un condensé de l'instant que nous vivons, la rencontre porteuse de mystères.

Pourquoi êtes-vous là ?

Quelle est la force qui vous a porté jusqu'à cet endroit, un des lieux les plus secrets sur cette terre ?

Esther ne sait que répondre, il continue son monologue :

Vous seriez épouvantée si je vous en racontais l'usage au fil des siècles. Je m'arrête là, je vois votre malaise. Nous allons prendre congé, je vous souhaite un séjour fructueux, merci encore. Je vous ferai savoir si notre conversation aura une suite.

Il se lève, Esther suit le mouvement. Une porte s'ouvre, il se penche imperceptiblement vers elle puis disparaît.

Un homme au sourire affable lui montre d'un geste l'autre sortie, elle a remisé son livre dans sa poche, sort de la pièce et remonte le couloir accèdant au véhicule.

L'entrevue a duré moins d'une demi-heure.

Les algorithmes ont franchi les barrières du temps. La mission est remplie.

Ses hôtes lui ont préparé une visite guidée, après un passage à l'hôtel.

Esther ne laisse rien paraître, reste stoïque.

Une douche réparatrice, thérapie basique, seul relachement possible...

Elle regarde par la baie vitrée la brume empoisonnée qui enveloppe la mégalopole. Elle frissonne, ce pays n'est pas fait pour elle, elle revoit le pasible cheminement du fleuve et les façades dorées sous le soleil de sa ville natale, hâte de rentrer, quelques emplettes et le voyage de retour sera là pour la délivrer de ce poids dont elle ne sait s'il portera ses fruits. Trop simple, trop...facile.

A demain pour la suite

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