Tempête / il est 7h03 le 3 février 2025
La tempête sévissait comme jamais, la chaumière tremblait, menaçant à tout instant de dénuder un foyer où l'absence s'incrustait. Elle guettait le moindre mouvement autre que les éléments déchaînés. Elle attendait, un court instant, elle crut, puis non, un craquement de plus, sinistre présage puis, un éclair obscurcit ses yeux clairs, elle comprit.
Enveloppée dans son long manteau, une ceinture autour de la taille, elle sortit. Une trouée dans les nuages laissa apparaître une lune ronde et pleine. Au loin elle entendit le grondement de l'océan, le fracas des vagues sur la pointe de Vick. Traversant la lande, elle lutte contre un vent furieux, distingue une flamme qui vacille, disparaît puis réapparaît,
Là, sur les vagues, une embarcation, à quelques encablures des rochers, tente l'impossible. Elle court vers la falaise, il est là, le vieux pêcheur avec lui, les deux fous vont à une mort certaine.
Il l'a fait, il est venu, guidé par l'instinct de l'homme de la mer, le père malade a puisé dans ses ressources, à bout.
Ils ne pourront, impossible, le ressac qu'une violence inouie renvoit le frêle esquif.
Le jeune homme l'a vue, là-haut sur le faîte de cette côte hostile. Il regarde, effaré, que fait-elle ?
Elle dénoue la ceinture, pose ce manteau qui empêche tout mouvement, attend le ressac et...plonge dans le liquide fou, elle joue avec la vague, crie quelque chose, les mots s'échappent, elle est emportée puis surnage.
Le vieil homme dans un geste brusque pousse le matelot hors de la barque, elle le voit tomber à l'eau, ils se rapprochent l'un de l'autre.
Elle nage, hurle, il nage, coule, flotte à nouveau. Elle le saisit à bras le corps.
Ils ont dérivé vers la langue de sable noir, loin des arêtes tranchantes, ils ne font qu'un, s'échouent, entendent le sinistre craquement du bois qui se brise, la lumière falote disparaît à tout jamais.
La lumière blafarde de la lune pleine éclaire les trois pics dominant les flots.
Les nuages disparaissent, emportés par le vent. Ils se lèvent, s'étreignent et marchent ainsi enlacés vers la chaumière enchassée dont on distingue la lourde silhouette.
Bonne journée