Oxymore au quotidien / Il est 6h43 le 28 octobre 2025
Quelque part en France, ces images de 2022 sont une promenade, rien de spectaculaire.
Un aboiement dans la nuit, le chien rêve, et me réveille, il est quatre et dix minutes. Ma nuit se termine, la sienne continue. Je me lève, un peu plus tard, histoire de tâter le pouls de l'aube, encore lointaine. Passé la demie de quatre heures, je rentre dans le jour suivant, règle applicable si votre horaire de coucher fut raisonnable, mettons vingt-deux heures et trente minutes. Il est six heures et neuf minutes, l'animal se repose sur le canapé de la pièce d'à côté. Le café double est descendu, les tartines trempées dans l'autre breuvage, café italien, ont rempli leur office de petit déjeuner. Le silence est omniprésent, une grenouille a du traversé la terrasse. L'autre jour, il (le chien) en a mangé une. Je suis arrivé trop tard pour sauver la vie de ce batracien qui ne demandait qu'à vivre sa vie de créature terrestre bondissante. Une autre être bondissant a raccourci son passage sur terre. C'était déjà arrivé. J'étais intervenu à temps, étonné de voir que mon terrain abritait une vie comme celle-là, loin d'une mare quelconque. L'humidité automnale rend les animaux fantaisistes dans leur choix de villégiature, allez savoir ce qui se passe dans la tête d'un habitant de mares et d'étangs, au beau milieu d'une terrasse. Je me suis perdu, monde impitoyable.
Le canidé est carnivore, cela changera son ordinaire de croquettes aux vertus survitaminées alimentant une croissance jamais démentie depuis les trois mois que je remplis quotidiennement sa gamelle, plusieurs fois si nécessaire. L'occupation est réelle, ne croyez pas qu'un chien n'est que le support d'une affectivité défaillante, un palliatif affectif d'homme seul, il est une discipline aux aspects multiples. Par exemple, les interdits sont nombreux, difficiles à appliquer, en gros, c'est vous ou lui. Quand j'étais enfant, les chiens avaient leur chenil, ce que je trouvais injuste, surtout l'hiver, quand il fait froid. Je comprends aujourd'hui le principe. Je possède un animal dont la race est initialement destinée à une activité extérieure, en l'occurrence la chasse, ce que le mien ne devrait pas connaître, n'étant pas moi-même adepte de cette activité. Athos (c'est son nom), gambade en extérieur, il court tout autant en intérieur, avec les précautions inhérentes à son âge et à sa race, c'est à dire aucune. La nature est ainsi faite que la coercition d'un animal domestique s'applique plus facilement aux espèces sédentaires.
Le casting serait-il une grossière erreur ?
Entre le rêve (dont je suis coutumier), et la réalité (têtue), il y a des interactions fâcheuses, quelques oxymores non sémantiques, fort concrets et ...il faut l'avouer, très fatigants. Se fabriquer un monde est chose aisée, lui donner vie sur le papier demande des efforts, sans conséquences, tout au plus un baillement d'ennui à la lecture de la prose.
Se coltiner le même univers, bien concret celui-là, donne une touche, comment dire, déprimante à tous ces détails futiles qui ponctuent le réel.
Un ami à moi m'avait dit un jour que la vie n'était qu'une suite de ces détails qui, mis bout à bout, constituaient l'essentiel de l'existence.
Le diable s'y vautre avec délice et perversité. L'ami en question n'est plus de ce monde, un détail l'a tué : il y a un âge pour tout...
Je n'oublie pas cette phrase proférée bien avant la virtualité qui nous enveloppe de ces mots creux et définitifs.
Pas de bande-son aujourd'hui, une petite croix m'en empêche.
Bonne journée