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litterature

Aux marges du palais de MARCUS MALTE aux Ed Zulma

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 Avis paru dans BABELIO

Déçu par ce livre, je dois l'écrire même si je n'aime pas avouer que les effets de style, s'ils m'ont amusé au début, sont vite devenus redondants. Une fois écrit, c'est insuffisant. Je m'attendais à un univers déjanté, voire surréaliste et je me retrouve avec un pastiche grotesque aux jeux de mots et autres correspondances phonétiques un tantinet téléphonés.
J'ai lu jusqu'au bout, m'accrochant à l'idée que la chute serait...originale.
Ben non, prévisible chute pressentie depuis quasiment le début du livre dont l'essentiel du corpus consiste en la description par le menu de la psychologie et du cursus des personnages dont on devine assez vite le rôle, comme dans ces films où l'on sait qui va mourir, sera sacrifié sur l'autel de la narration.
Au fil de cet avis, je m'aperçois qu'une BD conviendrait mieux à l'intrigue, visuellement intéressante.
Les multiples références semblent issus d'un verbatim journalistique, recueil des tics et autres aphorismes qui polluent les rédactions au fil des commentaires sur l'actualité politique.
En conclusion, c'est un livre de potaches après fumette. J'avais lu des avis très favorables sur l'auteur ainsi qu'un pré-supposé favorable sur la maison d'édition, dont j'avais apprécié plusieurs ouvrages.
Tout le monde peut se tromper, néanmoins, quelqu'un de plus magnanime peut y trouver une satisfaction ludique.

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La mijaurée d'Auguste C. d'ELISABETH LAUREAU DAULL aux Ed Database

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Avis paru sur BABELIO

Il est des livres qui méritent mieux que leur anonymat relatif et d'autres qui gagneraient à rester dans l'ombre. J'ai acheté ce roman au salon "Etonnants voyageurs" sur le stand d'un petit éditeur après une conversation avec l'autrice, dame charmante. L'écriture va avec le style de la dame. L'histoire en elle-même en vaut bien une autre, elle se base sur le personnage d'Auguste Conte, philosophe français du 19ème siècle, dont je ne connais pas la pensée profonde mais dont l'auteure a manifestement apprécié l'oeuvre puisqu'elle l'a enseigné, professeure de philosophie de son état.
L'intérêt réside dans le ton léger et badin, moqueur et drôle sur l'homme et sa vie privée, empreinte d'une folie douce, d'un errement typiquement masculin envers une jeune et diaphane demoiselle de l'âge d'être sa fille. La belle désirée est fort embarrassée de cet émoi d'un homme connu face à qui elle ne sait comment réagir. le monsieur est marié, a répudié sa légitime, qui s'accroche malgré elle à un homme dont elle ne sait elle-même que penser, que ressentir malgré l'évidente muflerie du grand philosophe. D'errances en scandales publics, l'homme Auguste Conte descendra les marches de l'équilibre mental et passera les dernières années de son existence à vouer un culte à une belle et inaccessible beauté éthérée et fagile.
Le livre est fort plaisant à lire, la femme se joue de l'homme dans cette période où celui-ci se croit dominateur, et se voit mener par le bout du nez, empêtré dans ses hormones, au delà de toute pensée rationnelle, un comble pour le positiviste Auguste Conte, en grand travail de construction d'une philosophie dénuée de toute émotion parasite.
Drôle et impertinent.
A lire

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Le pouilleux massacreur de IAN MANOOK aux Ed La manufacture du livre

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C'est le cinquième roman de Ian Manook que je lis. Nous sommes loin des aventures d'un commissaire fantasque. Le genre vintage plaît, dans le sens où il nous fait revivre des périodes historiques qui se doivent d'être re-contextualisées. Un monde à recréer peut être "casse-gueule". Les repères sont à saupoudrer avec modération, via des comportements, un background culturel ou un langage typé. A vouloir trop en faire, on peut tomber dans la caricature, ce qui dans ce roman, arrive plus vite que l'auteur aurait pu le souhaiter. Les marques, chanteurs et chansons, l'argot des banlieues des années soixante sont autant de sonnettes qui retentissent pour nous rappeler : Hello, nous sommes en 1961, n'oubliez pas !
Merci, il y a longtemps que nous avons compris. La peinture sociale est manichéenne à souhait même si l'intrigue s'y prête, les évènements politiques aussi. Le rythme est comme toujours chez cet auteur très enlevé, c'est sa marque de fabrique, l'action non-stop fait passer toutes ces lourdeurs signifiantes. Le sens du récit emporte tout sur son passage même si, encore une fois, on peut être sceptique sur les motivations de nos héros, certains personnages ( ah ce commissaire!) sont peu crédibles.
La sobriété n'est pas le genre de la maison Manook, nous le savons mais le cabotinage existe aussi en littérature.
Si vous voulez, lisez-le.

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Saint-Brieuc de mille feux de JACQUES MINIER aux Ed Alain Bargain

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Avis paru dans BABELIO

Le polar local est un genre en soi, plus ou moins réussi. Les éditeurs qui publient ont un cahier des charges assez précis. Les trois romans lus récemment fonctionnent sur le même registre, cadre géographique pré-établi, un ou une héros(ine) récurrent, un timing omniprésent et une enquête atypique, très fouillée, dans laquelle les détails abondent.
Celui-ci ne déroge pas à ces règles.
Comme l'action se déroule dans la ville où j'habite, le jeu consiste à reconnaître les lieux, la vraisemblance de l'intrigue est un détail, les traits de caractère sont toujours stéréotypés, un poil de rébellion face à l'autorité, un côté justicier, que l'on retrouve dans les autres histoires.
Si vous voulez passer un moment de détente, ce dernier polar est pour vous. J'ai découvert des activités économiques dans ma ville que je ne soupçonnais pas.
Bonne lecture.

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Ce que je sais de toi d'ERIC CHACOUR aux Ed Philippe Rey

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Avis paru dans BABELIO

Les avis sont partagés même si le courant dominant va dans le sens d'un réel plaisir de lecture. C'est mon cas. Il se lit facilement, la peinture de moeurs est légère, très conventionnelle certes mais l'on rentre facilement dans cette ville socialement très clivée. Les pauvres, miséreux tels que l'on peut voir dans toutes les mégalopoles des pays du Sud et les autres, tirant parti des dissensions politiques, laissant passer les orages. L'on distingue en arrière-plan les futurs contours d'une morale islamique en train de se mettre en place. La porosité de l'Egypte a facilité l'intégration de diasporas diverses, elle continue d’accepter en son sein des frères arabes propageant la bonne parole. Le propos est ailleurs, dans un destin personnel, avec cette entêtante utilisation du "tu", dont on ne sait de qui il s'agit. Un observateur omniscient veille sur Tarek, sait tout, et l'on pressent un destin somme toute assez classique, une évasion vers des cieux plus cléments.
Mais qui parle ?
Avec le recul, dix heures à peine depuis la fin de ma lecture, l'ensemble me paraît trop simple, un peu cousu de fil blanc. L'auteur écrit plaisamment, le héros subit, fuit, ne comprend finalement pas grand chose à ce qui lui arrive. L'empathie devrait fonctionner, elle ne prend pas et le dévoilement du "tu" laisse perplexe.
J'ai envisagé en cours de lecture cette possibilité et me suis dit que c'était trop facile. J'avais tort, je ne dévoilerai pas l'identité, situation archi vu et revu.
Les personnages dits secondaires sont archétypales, facilitant la lecture.
La première impression quand on referme le livre est douce, comme le goût d'un bonbon sucré, satisfaction immédiate d'un joli moment de lecture. La décantation a fait son oeuvre et je ne m'étonne pas que ce roman ait du succès : facile, vite lu et...peut-être vite oublié.
Dans un registre géographiquement identique, un auteur égyptien Alaa El Aswany vous emportera dans les tréfonds de la ville du Caire, vous laissant un autre goût, long en bouche.
Deux titres parmi d'autres :
"L'immeuble Yacoubian", adapté à l'écran et
"Automobile club".
Une autre dimension, assurément.

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Banc de brume de SOPHIE BERGER aux Ed Gallimard

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Avis paru dans BABELIO

J'avais une prédisposition positive avant d'entamer la lecture de ce roman, ayant échangé quelques mots avec l'autrice qui me semblait, et elle l'est, sincère, dans sa volonté de partager des moments difficiles au travers d'une enquête pointilleuse et porteuse de beaucoup de silences.
Je n'ai hélas pas éprouver d'empathie particulière pour cette famille tragiquement touchée par un accident d'avion.
L'on suit la quête mémorielle avec sympathie. Toutefois, l'intérêt porté à cette recherche de vérité semble un peu "forcée". L'élément déclencheur est léger et le lien familial lointain ne suscite pas l'émotion que l'autrice voulait nous faire vivre.
En gros, je n'y crois pas, même si l'on sent une volonté de parvenir à éclaircir les zones d'ombre.
L'apport de tous ces témoignages ne suffit à faire revivre le souvenir de gens disparus brutalement. le silence qui suivit arrangeait tout le monde et je ne suis pas sûr que faire remonter ces douleurs enfouies puise être d'une quelconque utilité pour qui que ce soit.
Désolé mais je n'ai pas accroché.

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Lîle des chasseurs d'oiseaux de PETER MAY aux Ed du Rouergue

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 Avis paru dans BABELIO

Ajouter un avis sur un auteur de ce type est fort présomptueux. Peter May est rompu à l'exercice de ces enquêtes qui n'en sont pas toujours. La parfaite connaissance de son pays (l'Ecosse) nous entraîne dans une île du Nord-Ouest, Lewis, contrée gaélique aux moeurs parfois étranges, décalés par rapport au continent, si l'on peut dire. Un homme est tué dans cette île, sauvagement, et seul un insulaire devenu policier peut entrevoir ce qui peut se profiler derrière cette barbarie. Mais le passé n'est jamais loin dans un lieu fermé sur lui-même, il est parti, eux sont restés, avec leurs coutumes séculaires.
Peter May nous parle d'un lieu sauvage, son héros y revient, trop conscient du risque qu'il prend et de la nécessité de se coltiner une fois pour toutes avec un passé trouble, des questions sans réponses parce que non formulées.
L'enquête suit son cours, elle est un élément de lecture, un fil conducteur, accessoire indispensable dans ces terres hostiles. Elle n'est qu'un élément, guère plus, qui aidera à démêler l'écheveau dont il est un des noeuds, résistible à toute tentative ordinaire de dénouement.
La nature joue un rôle ici primordial. L'on pénètre sur un territoire ou les rites initiatiques sont un passage obligé, mélange de paganisme sauvage et de rigueur presbytérienne.
Il y a un coupable puisque meurtre il y a mais le plus important n'est-il pas de tuer le doute, source de souffrance, de formuler la question, d'entendre la réponse, fin de l'histoire.
Souci du détail, peintures psychologiques fines et acérées, l'auteur nous embarque.
Merci

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Meurtre en Béarn aux Ed La Geste / Il est 12h22 le 25 juin 2024

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Avis paru dans BABELIO

Un polar de province aura toujours ce goût d'une certaine désuétude. Rien de péjoratif dans ce propos, juste que le souci du détail dans les descriptifs de la région montre l'intérêt que l'autrice porte à l'environnement de l'intrigue, au delà même de la nécessité. L'histoire en elle-même est simple : un type est assassiné chez lui, sans histoire apparente. La suite est une succession d'interrogatoires, avec quelques cailloux blancs semés au fil du texte, histoire de nous prendre par la main et nous diriger vers un passé forcément lié à la proximité frontalière, source de trafics possibles. L'Histoire avec un grand H pointe son nez et l'affaire est entendue.
Le commissaire est forcément en couple avec une artiste, son capitaine est une femme, qui ne supporte pas la montagne, fort gênant si l'on exerce dans une ville situé dans le piémont.
Tout cela se lit vite et facilement ainsi qu'avec plaisir même si le démontage semble un peu long.
Plein d'archétypes, trop de détails inutiles surchargent un peu mais rien de sophistiqué n'intervient, qui aurait donner à ce crime un dénouement moins " prévisible".
Comme vous le sentez.

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L'escale de MARION LEJEUNE aux Ed Le bruit du monde

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Avis paru dans BABELIO

Il y a ici un univers que l'on découvre, curieux, dans lequel on se plonge, intrigué par l'émergence de ces îles noyées dans la brume, étonné qu'il put y avoir une vie sociale dans un lieu aussi inhospitalier. C'est un port, emblème des errances multiples, du départ et de l'arrivée de marins ou autres aventuriers, sans attaches.
L'autrice nous rend notre séjour presqu' agréable, sous le regard de Grigori, gabier de son état, celui qui grimpe en haut du mât, dont le centre de gravité personnel est fonction de la gîte du bateau. Sur terre, il tangue, puis se stabilise. Les repères se construisent au fil du temps qui s'écoule, dans l'attente d'un chargement, qui ne vient pas, on ne sait pourquoi. Il faut construire des repères, Alda peut-elle l'aider ? Y aurait-il autre chose à espérer, un geste ou un silence peuvent s'interpréter, elle est farouche, jalouse de son identité insulaire, regardant vers l'horizon.
Lui, n'a rien à perdre, il ne possède rien, que ce semblant de liberté que les terriens ne peuvent comprendre, prisonniers qu'ils sont d'une terre isolée, dépendante du bien vouloir des capitaines, seuls maîtres à bord.
L'Archipel existe-t-il vraiment dans cet Atlantique Nord, aux moeurs rappelant furieusement les îles Féroé, mais non, trop au Sud. Pas les Spitzberg, trop au Nord. On se perd en conjectures mais l'important n'est pas la terre où l'on habite, mais celle que l'on quitte.
L'autrice nous embarque dans un monde boréal, inaccessible, qui ne s'explique pas et ne cherche à être compris.
L'on sort de ce roman un peu désorienté, le nomade triomphe sur le sédentaire.
A lire

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Le rêve du pêcheur d'HEMLEY BOUM aux Ed Gallimard

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Avis paru dans BABELIO

Lumineux est le bon adjectif pour qualifier ce roman. Il raconte une histoire, plusieurs devrais-je dire. Un pays, le Cameroun, nous est conté au travers de la vie d'une famille, des bouleversements sociologiques et économiques, à la source des problèmes à venir, de ceux qui construiront les destins de trois générations de Camerounais. L'acculturation y est décrite de l'intérieur, l'irruption d'une marchandisation de la vie casse le tissu social, broie les âmes et les repères ancestraux. Un enfant de ce chaos cherche dans sa vie d'adulte une issue, poussé par les circonstances, en France où il se révèle, épousant en creux les valeurs de son nouveau pays. Miné de l'intérieur, il retourne en son pays d'origine, y cherchant des réponses, assemblant les pièces d'un puzzle identitaire.
Les passerelles s'établissent entre les deux mondes, la filiation intérieure permet une fusion, magique miracle très au delà de nos rationnelles certitudes.
Beau livre d'une humanité multiple dont nous avons besoin aujourd'hui, à l'heure des exclusions multiples et des tabous liés à l'ignorance crasse de nos contemporains.
A lire de toute urgence.
Merci.

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