Big bang / Il est 8h06 le 1er février
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Marianne Faithfull - The Ballad Of Lucy Jordan (Thelma & Louise) (1991)
Uploaded by Retrospective Soundtrack on 2016-09-03.
Le délit de faciès est vieux comme l'apparition de la vie sur Terre. Les premières structures mono-cellulaires, identiques en principe, ne l'étaient sans doute pas. Elles se sont chamaillées de suite, pour une sombre histoire de territoire, d'espace vital dirions-nous aujourd'hui. Au fil du temps, la complexité s'est mêlée au champ de bataille, créant des entités différenciées, au look improbable, surtout sous le regard de l'autre qui lui, se trouvait très agréable à regarder, ce qu'il faisait toute la sainte journée, se regarder étant une occupation chronophage et invasive. Si je saute quelques étapes, les milliards de cellules qui me composent, ainsi que mon voisin, se jaugent en permanence, s'affrontent, font du copinage, forment un gang, face à celui d'en face qui opére de la même manière. Les deux bandes de cellules se testent, se poussent du coude puis se tapent sur l'épaule, boivent un coup, écoutent la même musique. Sur le trottoir d'en face, les teuffeurs joufflus éructent à qui mieux-mieux, à celui qui parle le plus fort, qui obscénise (sic) le plus écoeurant des gestes, le tout destiné à ceux d'en face. Ces derniers, pas sourds ni aveugles, s'en aperçoivent, s'agacent, montent dans les tours.
La chaussée qui les sépare n'est pas vide de toute activité, d'autres molécules se sont assemblées, douées de facultés motrices, matériaux solides au mouvement unilatéral. De temps à autre, elles s'absentent, puis passent et repassent. Dans un moment de répit, les deux axes parallèles se toisent en silence, les molécules de la chaussée se sont absentées.
Et surgit une ombre gigantesque, noir dessein, qui met toutes ces belles mécaniques au sein d'une enveloppe, le tout en un grand désordre. Les molécules du mitant cherchent un échappatoire, mal leur en prend, elles plongent derechef dans le maëllstrom. Le chaos est indescriptible dans le sac, les coups pleuvent de tous côtés, chaque cellule se défend, c'est le sauve qui peut général, l'entente cordiale n'est plus qu'un souvenir.
Le bagage soudain s'arrête, posé sans ménagement.
Chacun tente de se mettre à l'endroit. Les teuffeurs joufflus sont dispersés, les cellules sont disloquées, quelques atomes égarés tentent de rassembler leurs protons et quelques neutrinos aveugles, les molécules motrices se reconstruisent, le mouvement ne supporte pas l'immobilisme, il faut bouger et bouger encore.
Un bruit étrange troue le silence de mort qui s'était installé. L'enveloppe s'élève, un vertige général s'accompagne d'une aveuglante clarté, une bascule s'opère.
Les molécules motrices, plus véloces, sont devant, les cellules mononucléaires les suivent, quant aux teuffeurs joufflus, ils s'étouffent mutuellement en une masse informe dont la course se résume en une mare infâme sur un sol jonché des structures précédemment citées.
Plus un bruit, ni la moindre turbulence.
Les faciès se sont fondus en un monceau de terre originelle, juste retour, éternel recommencement.
Ca a peut-être commencé de cette façon, allez savoir...